Arnaud Boisset

16/02/2018 // A Jaun, l’ambiance est vraiment sympa

Je suis content d’avoir réussi à bien récupérer après les Mondiaux juniors. Physiquement, je me sens bien, j’ai de bonnes jambes. Tout est très positif.

Aujourd’hui, j’ai pris beaucoup de plaisir à courir une Coupe d’Europe à domicile. D’autant qu’à Jaun, il y a toujours du public et une bonne ambiance. Grâce à des amis impliqués dans l’organisation, comme Axel Béguelin, je savais depuis le début de la semaine que tout le monde travaillait fort pour nous proposer les meilleures conditions possibles. Ils ont mis beaucoup de sel, donc la piste est dure; elle est même vraiment bonne compte tenu de la pluie de ces derniers jours.

Je me suis élancé en première manche avec le dossard 61. J’ai produit un ski très contrôlé, sans faute; à l’arrivée, j’étais satisfait car je ne m’étais pas fait avoir par les trous. Sur cette piste, il était facile de skier correctement mais très difficile d’aller vite. Je finis 41e, à une seconde du top trente. Pour moi, il n’était guère envisageable de faire beaucoup mieux; si j’avais sorti la manche de ma vie, j’aurais pu gagner 5 dixièmes, guère plus.

En seconde manche, j’ai pris beaucoup de plaisir à skier. Il faut dire que j’ai déjà fait mes résultats cette année. En fait, je me suis aligné aujourd’hui pour accumuler de l’expérience. Peut-être qu’en réalisant une manche incroyable, j’allais marquer un ou deux points de Coupe d’Europe mais cela ne m’aurait pas apporté grand-chose. Du coup, j’ai skié assez décontracté, bien qu’un peu gêné par la piste qui avait légèrement changé.

Personnellement, j’ai apprécié l’ambiance très sympa. A Jaun, jes jeunes qui viennent assister à la course sont des fans, ils nous demandent des autographes. Vraiment, c’est cool de voir tout ce monde qui se mobilise et qui croit à l’attrait de notre sport, c’est une sensation très positive.

La course de demain devrait se dérouler un peu sur le même schéma, sauf que le départ sera donné un peu plus tôt car on prévoit de la pluie par la suite. Pour ce qui me concerne, je ne me fixe pas d’objectif précis. A part de prendre du plaisir.

08/02/2018 // Un résultat correct pour ma dernière course

Le slalom des Mondiaux était ma cinquième course en huit jours. Physiquement, ce n’était pas évident. Difficile donc de se motiver en montant au départ le matin. J’avais hérité du dossard 42, ce qui prouve que nous avons de mauvais points en Suisse; j’estime valoir quand même un peu mieux… 

Grâce au fait que nos entraîneurs avaient pu le filmer la veille, nous connaissions déjà le tracé piqueté par le Bulgare. Il n’y avait pas de rythme du tout, et plein de doubles et de triples, plus trois bananes, ce qui fait beaucoup. La neige était béton; on a pu le constater au passage des premiers, qui avaient de la peine à tenir la ligne sur le plat. Reste que la piste a fini par casser: on perdait ainsi beaucoup de temps par rapport aux premiers. J’ai réussi néanmoins le 21e temps, un résultat correct qui me laissait mes chances pour la 2e manche.

Je pensais que le second tracé allait être un peu plus fluide, mais ce n’a pas été le cas: il était même encore plus tournant que le premier! Résultat, je n’ai pas pris de plaisir à skier car on n’avait pas beaucoup de vitesse et on luttait, on luttait, on luttait… Mais j'ai effectué une bonne manche, en signant le 10e temps, ce qui m’a permis de remonter au 12e rang final. Un résultat correct, d’autant que les tracés n’étaient pas évidents et qu’il y a eu énormément d’éliminés. Mais on a pu voir la différence avec ceux qui ont l’habitude de skier sur ce type de neige, comme Noël Clément: on avait l’impression qu’il skiait dans une autre dimension, hyper facile, sans jamais aller au-delà de ses limites.

Dès la fin du slalom, je suis parti pour Meiringen, afin de disputer deux géants FIS. Aujourd’hui, nous n’avons pu courir que la 1e manche du premier. Demain, il y aura donc la 2e manche, plus les deux manches de la seconde épreuve. Ensuite, je vais avoir droit à un peu de repos, entrecoupé de quelques plages de condi, afin d’être d’attaque pour la seconde partie de la saison.

06/02/2018 // A l’arrivée du géant, j’étais mort!

Le combiné ayant été différé, on a commencé par le slalom (j’ai tiré le dossard 4, ce qui n’était pas grave car la piste ne changeait pas beaucoup). J’ai effectué une manche correcte, mais il me manquait un petit quelque chose et j’ai fini 7e. La neige était dure et injectée, donc difficile à skier, surtout sur le plat où j’étais tout le temps à la bourre.

Après, pour le Super-G, comme il y avait quatre Suisses classés dans les sept premiers, on savait plus ou moins que ça allait se jouer entre nous. Il y avait aussi un Américain, un Canadien et des Autrichiens dans le coup. J’étais à 40 centième de la deuxième place et à moins d’une seconde de la gagne; du coup, je me suis dit «tu y vas à fond, la deuxième place est encore possible.» Ce Super-G était plus technique que le «vrai» Super-G où je suis sorti. Ma manche a été correcte. Odermatt s’est élancé juste après moi et il a fait une très grosse performance. J’ai finalement fini 6e, on était quatre Suisses dans les six premiers. C’était cool! Lors de la cérémonie de remise des médailles, ils appellent les 6 premiers, ce qui m’a permis de monter sur l’estrade. C’était un moment sympa à partager avec mes coéquipiers.

Hier, on s’est entraîné à Lenzerheide (3 manches de géant) pour garder le rythme et travailler la technique car on avait pas mal couru sur de longs skis avant. Ça s’est bien passé, en 1 h, on avait fini. Après, j’ai eu le temps de travailler un peu pour l’école. Puis, on a fait un peu de condition physique. Le soir, il y a eu la proclamation des résultats du combiné. Les entraîneurs étaient particulièrement contents: on a eu droit à un petit apéro pour fêter les performances en combiné filles (Danioth championne du monde), en Super-G filles (Jenal 3e) et en combiné garçons (1re, 2e, 5e et 6e places). Le staff nous a dit que c’était bien, qu’on était sur la bonne voie et qu’il fallait s’accrocher. Cette dynamique de groupe était vraiment positive pour tout le monde.

Aujourd’hui, en géant, la piste était vraiment béton. Ils avaient injecté beaucoup d’eau, ce qui a donné une chance aux dossards élevés. Moi, j’ai quand même été un peu gêné par les escaliers qui se formaient (tout le monde «driftait» un peu dans les virages, la neige n’était plus très lisse quand je suis passé avec mon dossard 44). J’ai fait une petite faute dans le mur, mais c’était extrêmement dur de tenir! La manche était courte (50 secondes), mais à l’arrivée, j’étais mort ! Il fallait tout le temps tenir la ligne, c’était éprouvant physiquement. Après la 1ère manche, j’étais 29e, donc j’ai pu partir 2e de la 2e manche. Elle a été meilleure que la première, j’ai tenu un peu mieux la ligne. Mais c’était vraiment dur à skier. Si j’avais eu une 2e ou une 3e chance de la skier, je ne suis pas sûr que j’aurais fait mieux. C’était dur de trouver le bon timing. D’ailleurs, il y a eu beaucoup d’éliminés. Du coup, je suis remonté à la 19e place. Je suis quand même satisfait de ma course, de mon Super-G aussi. Il y a de petites choses à améliorer, mais il faut profiter du moment. J’aurais pu sortir bêtement et j’aurais été beaucoup plus malheureux. Odermatt a été vraiment incroyable. Je n’ai pas de mots! Il était tellement au-dessus dans la 2e manche. La 1ère n’était pas top, mais la 2e, c’était fou. Ça avait l’air tellement facile! S’il continue comme ça et qu’il garde les pieds sur terre, il va gagner aussi des courses de Coupe du monde et des grands titres. Aligner 5 médailles d’or dans un championnat du monde, franchement, il faut le faire! En plus, il est cool et il ne se prend pas la tête. Et sur la piste, il montre de quoi il est capable.

02/02/2018 // Un peu déçu, mais je reste positif

Jeudi matin, on s’est levé tôt, pour aller s’entraîner en super-G à Lenzerheide. Les conditions étaient loin d’être optimales: la météo était mauvaise et on skiait sur la piste de Coupe du monde utilisée la semaine passée pour les femmes, donc la neige était encore assez dure. Après trois manches, je me suis arrêté, cela me suffisait amplement. Les autres sont remontés, et c’est lors de la dernière manche que Marco Kohler s’est blessé. Le coup a été un peu difficile à digérer pour le groupe. Marco Odermatt, Semyel Bissig, Lars Rösti, Marco Kohler et moi sommes en effet très soudés, tous très performants en vitesse, tout le temps ensemble; de plus, nous échangeons beaucoup, notamment sur le plan de la tactique en course. Et là, nous perdons un mousquetaire si j’ose dire, c’est un vrai coup dur. D’ailleurs, la séance du soir était bien moins joyeuse que celle de la veille...

Ensuite, nous avons entraîné les départs pour le Team Event. C’est vrai que cette épreuve est cool et se déroule dans une bonne ambiance, mais je pense que les deux qui ont un peu plus d’expérience vont être retenus: Marco Odermatt, qui a déjà couru une épreuve de ce type en Coupe du monde, et Semyel Bissig, lui aussi mais en Coupe d’Europe. Il se pourrait que je sois nommé remplaçant, mais ça m’étonnerait.

Après ce bon entraînement aux départs – c’est toujours utile – tout s’est enchaîné assez vite, séance de condi, puis passage chez le physio et analyse vidéo. Autant dire que la journée a été assez longue, surtout si l’on pense que c’était une journée de pause…

Aujourd’hui, c'est la matinée qui a été longue, avec ce report de deux heures. Mais je ne suis pas trop déçu par mon élimination. Au départ, on rêvait tous de médaille, du coup on a tous pris beaucoup de risques. Et pour moi, ça n’a pas payé. Il faut dire qu’une porte a posé beaucoup de problèmes: sur les 20 premiers à s’élancer - donc les 20 meilleurs - 14 sont sortis à cet endroit-là! Pourtant, on avait bien identifié la difficulté lors de la reconnaissance mais il y avait du soleil à ce moment-là. Or le ciel s’est couvert par la suite. Les deux premiers à partir ont eu droit à un petit peu de soleil, les suivants plus vraiment. Or la mauvaise visibilité était très gênante: on ne voyait pas les quelques bosses qui nous décalaient juste avant cette fameuse porte, qu’il fallait de plus aborder à l’aveugle.

A la lecture du classement, on constate quand même que les plus forts sont devant. Marco Odermatt a montré qu’il était là, même sur le plan tactique, car il fallait aller au bout de la manche. La piste est très facile, elle convient à mon avis un petit peu mieux au super-G. Mais je dois dire que le tracé m’a surpris: je ne pensais pas qu’il était possible de piqueter un parcours aussi difficile… Il faut préciser que c’est John Kucera – champion du monde de descente à Val d’Isère en 2009 – qui s’en est chargé. Cela n’a pas porté chance aux Canadiens puisque 5 sur 6 sont sortis; ils doivent avoir encore plus de raisons de s’en vouloir.

Voilà, il faut maintenant se dire que ce n’était qu’une course, que demain est un autre jour. De toute façon, je préfère sortir en prenant des risques et en montrant sur la partie haute que j’étais dans le coup plutôt que de passer la ligne d’arrivée avec un retard de 3 secondes. Etre à la rue au niveau du chrono, c’est plus difficile à digérer qu’une élimination de ce type. On sait bien que le super-G est une discipline difficile car on n’a pas d’entraînement avant de s’élancer dans le parcours. Pas grave, je reste positif pour la suite.

Là maintenant, j’ai surtout besoin de repos, il me faut m’aérer un peu. J’espère ne pas être obligé de monter sur les skis demain, car j’ai besoin d’énergie pour attaquer la deuxième partie de ces championnats du monde.

31/01/2018 // J’adore l’ambiance de ces Mondiaux, un peu moins la piste

A Davos, la date de la descente a été avancée d’un jour et un entraînement a été annulé. Ce n’était sans doute pas un désavantage pour nous les Suisses qui connaissions déjà la piste. Un galop d’essai, ça suffit! Concernant le format en deux manches, on n’en est pas forcément fan. On aimerait que ça se passe en une fois. Là, on franchit la ligne et rien n’est joué! Et aujourd’hui, c’était très serré, en plus.

Au premier entraînement d’hier, j’ai fait des tests de glisse sur un tronçon tout plat et tout droit. Il fallait juste se laisser aller. Chacun a testé quatre paires de ski différentes (3 descentes avec chaque paire, donc 12 au total). Au début, je n’ai pas vu de réelle différence. Mais au final, il y en avait quand même une. C’est comme ça que j’ai choisi mon matériel pour la course. J’ai eu très peu de temps pour moi: j’ai dû aller chez Atomic pour changer des pièces de mes chaussures, puis une radio valaisanne m’a appelé pour une petite interview. Heureusement, la cheffe de la communication nous explique comment gérer tout ça.

Il y a 11 membres du staff (chefs, skimen, docteur, physio, entraîneurs, assistants) pour s’occuper de 8 athlètes. Nous sommes donc super bien encadrés. Et sur la piste, nous sommes choyés: on nous donne nos affaires en haut et on les récupère en bas. Nous, on n’a que la course à faire. Mais ce n’est déjà pas mal!

Je suis impressionné par l’ambiance. On sent que ce sont des Mondiaux et des courses à part. On sent l’enjeu et j’aime bien ça! Entre les manches, les entraîneurs viennent vers toi, te donnent des conseils personnalisés et trouvent les mots pour te mettre en condition. Ils font une analyse vidéo. C’est bien car les conditions n’ont pas changé entre la 1re et la 2e manche. Nous avons tout de suite pu corriger nos erreurs.

Reste bien sûr à vous parler de ma course! En première manche, je me suis classé 15e. La moitié du chemin était faite. Au départ de la 2e manche, il faisait très beau. Je savais que les cartes allaient être redistribuées et que quelques centièmes allaient faire la différence. Mais tout le monde a la pression, surtout ceux qui sont devant, et c’est bien! A eux d’assumer! Certains coureurs ont fait une super remontée, puis ça s’est empilé. Bissig a pris la tête, puis Rösti, puis le Canadien et enfin Odermatt! C’était très serré et l’ambiance était magnifique. Deux médailles pour la Suisse, cinq des nôtres dans le top 11. C’est fantastique par rapport à d’autres nations. Les Canadiens ont un athlète bien placé, puis plus rien et c’est pareil pour les Autrichiens.

Personnellement, je ne suis pas fan de cette piste. Elle est courte, plate et hyper facile. C’est d’autant plus dur d’y aller vite! Je préfère quand c’est plus exigeant. Mais j’ai donné le meilleur de moi-même et c’est bon pour la confiance. Et accessoirement, c’est aussi bon pour les points FIS. Un grand bravo en tout cas aux servicemen qui ont fait un super boulot aujourd’hui! Dans l’équipe suisse, tout le monde était déjà sur place, même ceux qui disputent le géant et le slalom, ce qui n’était pas le cas de toutes les nations (pour des raisons financières).

Je reviens tout juste de la cérémonie des fleurs. Ce soir, on va faire un petit footing puis on va aller à la remise des médailles. Et demain, on remet l’ouvrage sur le métier avec un entraînement en Super G.

Petit portrait
Arnaud Boisset

Né le 08/05/98, 185 cm, 85 kg

Ski-club: Bagnes

Groupe d'entraînement: WC Elite Speed

Entraîneur: Vitus Lüönd

Ecole: Bachelor of Science in Economics

Meilleures perfs en carrière: 1er du classement du super-G de la Coupe d'Europe 2023 - 3e du classement général de la Coupe d'Europe 2023 - vice-champion suisse de descente - 2 victoires en Coupe d'Europe - 7 podiums en Coupe d'Europe

Classement mondial au 1.09.2023: 27e en super-G / 77e en descente

Objectifs pour la saison 2023/24: terminer dans le top 30 en Coupe du monde