Arnaud Boisset

31/08/2020 // Un petit point juste avant de remettre les skis

Fin juillet, je me suis accordé une pause, pour partir avec des amis dans le Sud de la France, sur la côte atlantique, afin de me changer les idées, et faire un peu de surf. Au retour, je me suis astreint à 5 jours de condition physique avant les premiers tests qui se sont déroulés à Macolin début août. Je dois reconnaître que ces tests se sont très bien passés, j’ai même amélioré bon nombre de mes valeurs de l’année passée. Le résultat était d’ailleurs tellement positif que les médecins et les physio m’ont donné leur feu vert pour retourner sur la neige. 

Personnellement, je ne me sentais pas tout à fait prêt puisqu’en condition d’entraînement, tout est contrôlé, ce qui n’est pas le cas sur les skis. Les sauts sont par exemple effectués sur une planche de bois, plutôt stable. Ce n’est pas que je n’avais pas confiance en mon genou mais j’ai en fait préféré attendre un peu avant de me lancer. Je m’étais donc mis en tête de rechausser les skis les 17 et 18 août à Saas-Fee, tout seul, sans la pression de l’équipe, afin de retrouver moi-même mes sensations, sans ressentir aucune pression. Malheureusement, la météo en a décidé autrement : impossible de skier puisqu’il faisait trop chaud la nuit...

Par la suite, nous avons organisé à huit amis un camp de survie en autonomie : on dormait à la belle étoile, à même le sol, car il fallait se débrouiller avec les moyens du bord, sans tente ni bâche. Nous avons passé de très bons moments, c’est une superbe expérience pour mieux se connaître.

Ensuite retour à l’entraînement, pendant une bonne semaine, avant de nouveaux tests ce lundi à Macolin, qui me permettront de voir si j’ai maintenu mon niveau de condition physique. Si tout se passe bien, mon retour sur les skis se fera cette semaine, mardi et mercredi, cette fois à Zermatt et avec mon équipe.

Si je réfléchis à mon été, la période a été très diversifiée : j’ai pratiqué pas mal de disciplines différentes, je me suis déplacé dans différents endroits, avec des amis notamment. J’ai donc l’impression d’avoir eu une vie un peu plus « normale ». Mon genou est totalement remis, je ne ressens pas de douleurs. Et je me réjouis d’attaquer sur les skis. D’ailleurs, je suis parfaitement dans les temps puisque ma blessure remonte maintenant à six mois et demi.

20/07/2020 // La rééducation se passe vraiment bien

Dans une première phase, je suis resté à la maison jusqu’au 10 mai. A part les 2 ou 3 visites hebdomadaires chez le physio, je m’entraînais tous les jours pour que mon genou se remette au mieux, tout en étant très concentré sur mes études. Ensuite, j’ai rejoint Macolin pour 9 semaines d’une préparation physique intensive, jusqu’au 10 juillet, ce qui m’a donné l’occasion de terminer mon école de recrues. J’avais à disposition toutes les infrastructures nécessaires pour ma réathlétisation. Mon séjour a été d’autant plus profitable que je passais entre les mains de la physio trois fois par semaine, pour de longues séances pouvant durer jusqu’à deux heures, ce qui est difficile à obtenir ailleurs. Comme je poursuivais mes études en parallèle, mes journées étaient relativement bien équilibrées, bien qu’assez intenses, notamment à l’approche des examens que j’ai dû passer vers le 20 juin. Mais il faut dire que les règles du confinement m’ont facilité la tâche puisqu’il n’y avait pas beaucoup de distractions. D’ailleurs, mes camarades qui n’étudiaient pas ont eu tendance à en faire trop sur le plan physique, le cercle vicieux du surentraînement pour échapper à l’ennui…

Là, je prends un peu de vacances pour m’aérer les neurones, car cela fait depuis la mi-février que je suis concentré sur mon genou. Les médecins sont super contents, j’ai de l’avance sur le protocole. Le retour sur les skis ne devrait donc pas trop tarder mais je ne veux pas non plus forcer les choses et risquer une sur-blessure. Les deux tests auxquels je dois encore me soumettre vont me dire concrètement si je suis prêt ou pas. Il s’agit des tests que nous effectuons tous les ans, même s’ils seront cette fois légèrement adaptés à ma blessure. Si les valeurs sont semblables à celles que j’obtenais les années précédentes, les médecins devraient me donner le feu vert pour rechausser les skis, vraisemblablement début septembre.

La période m’a aussi laissé le temps de peaufiner plusieurs nouveautés au niveau du sponsoring et de l’équipement. Tout d’abord, j’ai changé de sponsor tête : avec Swisscom, je bénéficiais d’un programme sur deux ans, destiné en priorité aux jeunes mais lié à un tournus. Du coup, je suis passé chez Roland, les biscuits et zwiebacks bien connus. C’est vraiment génial d’avoir obtenu le soutien d’une entreprise familiale de la 4e génération, les Cornu à Champagne (VD), d’autant que cette coopération mise sur le long terme.

Quant à l’équipement, j’ai changé de marque de ski. Je suis passé d’Atomic à Salomon pour la bonne raison que Cedric Ochsner, qui est dans le même groupe d’entraînement que moi, skie sur Salomon. Et comme les deux marques sont très proches, le fait de constituer un binôme nous permettra de disposer d’un parc de skis plus grand, et de gagner du temps lors des tests et des réglages.

27/03/2020 // Le confinement n'a pas franchement changé ma vie...

Cela faisait en effet un certain temps que j’étais en rééducation, et que je devais de toute façon rester à la maison, sans pouvoir faire grand-chose, à part mes trois visites hebdomadaires au physio.

La rééducation se passe super bien, je ne ressens pratiquement pas de douleurs. Mon genou progresse bien en flexion et en extension. Les six premières semaines, je suis resté tranquille, car il était important de ne pas forcer sur le ménisque; maintenant, je peux gentiment commencer à recharger. Bref, tout se déroule comme prévu. J’ai même pu poser les béquilles hier !

Le seul véritable inconvénient lié au confinement, c’est de ne pas avoir accès à certaines installations de fitness. Car si on ne fait rien du tout en phase de rééducation, cela devient vite problématique. J’ai donc dû m’adapter un peu à la situation, et imaginer certains arrangements.

Si l’on y réfléchit, ma blessure ne m’a finalement pas fait manquer grand-chose de la saison passée. Tout au plus quatre épreuves de Coupe d’Europe. Résultat: je n’ai pas perdu beaucoup de rangs au classement final, si bien que je devrais obtenir le statut B, même si ce n’est pas encore officiel. C’est un peu paradoxal de penser que l’on peut décrocher le statut B en se blessant le 25 janvier ! Mais ça confirme que j’avais le niveau, et que je n’ai en fait pas eu besoin de beaucoup de temps pour le prouver.

En ce moment, les discussions avec les sponsors sont en cours, en ce qui concerne notamment les marques de skis et les sponsors de tête. Mais comme je ne dois remonter sur les skis que début septembre, je ne suis pas vraiment stressé.  

28/01/2020 // Ma saison est malheureusement terminée !

Samedi, je suis tombé lors de la descente de Coupe d'Europe qui avait lieu à Orcières. En me relevant, j'ai ressenti des douleurs au genou mais aucun diagnostic n'a pu être posé dans un premier temps. Or l'IRM que j'ai passée lundi ne laisse pas place au doute: déchirure des ligaments croisés et rupture partielle du ligament interne. Le ménisque ne devrait toutefois pas être touché. Il va falloir attendre que l'épanchement se résolve avant de passer sur la table d'opération.

Inutile de préciser que ma saison est terminée. Toutefois, j'essaie de positiver et je suis déjà tourné vers l'avenir. Si l'opération et la convalescence se déroulent correctement, je devrais pouvoir remonter sur les skis en septembre normalement. La préparation de ma prochaine saison ne devrait donc pas être trop compromise.

13/01/2020 // Je retourne à Wengen !

Je suis satisfait de mes résultats en Coupe d'Europe à Wengen la semaine dernière. Et surtout de ma 7e place lors de la première descente, d'autant que le plateau était relevé. Je n'ai pas perdu trop de temps sur une piste où l'expérience paie alors que j'en ai relativement peu par rapport aux autres coureurs du top 10. Seul bémol: je me suis fait un peu mal au genou en atterrissant après un saut. Rien de grave, mais l'articulation a légèrement tourné. Le soir, le physio m'a dit que les ligaments et le ménisque n'étaient pas touchés, qu'il ne s'agissait que d'une légère blessure au tendon et que les choses n'allaient pas empirer si je skiais le lendemain. Ce qui m'a quand même à moitié rassuré.

Au réveil, le samedi, j'avais encore mal. Après un bon échauffement, comme ça allait plus ou moins, j'ai décidé de prendre le départ de la deuxième descente. Mais mon avant-course n'a pas été simple: j'avais tiré le dossard 11 mais la course a été longtemps stoppée pour permettre à l'hélicoptère d'évacuer le coureur porteur du 6, si je me souviens bien, qui était tombé à la Tête de chien. L'attente a donc été longue et je devais garder mon genou chaud. Sur le parcours, je n'ai pas ressenti de douleur mais à l'analyse vidéo, on voyait clairement que je manquais de confiance pour appuyer à 200% sur mon genou, ce qui explique la demi-seconde perdue en trop pour être vraiment satisfait de moi. Du coup, j'ai terminé au 20e rang.

L'analyse de ma performance n'est pas simple: comme je joue le classement général, difficile de dire si j'ai sauvé 11 points ou perdu gros. Heureusement, l'état de mon genou n'a pas empiré, même si je n'arrivais presque plus à marcher après l'arrivée... Il faut par ailleurs souligner que beaucoup de coureurs sont sortis, et que beaucoup se sont blessés. Lors de ces deux journées, l'hélicoptère a dû intervenir six fois, pour des ligaments croisés, des vertèbres cassées. On volait en effet très haut sur les sauts, j'espère qu'ils seront un peu rabotés pour le week-end prochain afin de ne pas mettre les coureurs en danger.

Vous le savez certainement déjà, je figure désormais dans la sélection de Swiss-Ski pour la descente de Coupe du monde. Mais comme nous sommes plusieurs à avoir plus ou moins le même niveau, on va procéder à une sélection interne, qui devrait concerner Ralph Weber, Stephan Rogentin, Lars Rösti, peut-être Marco Kohler et moi-même. Si nous ne connaissons pas encore les critères, la décision sera prise jeudi à l'issue du 2e entraînement. On verra bien ce qui se passe: tant mieux si je peux participer à ma première Coupe du monde mais je n'en ferai pas un drame si je ne suis pas retenu. Mon objectif de la saison reste quand même la Coupe d'Europe, et ces entraînements vont quoi qu'il advienne me permettre d'accumuler de l'expérience.

Reste que je me réjouis beaucoup de retourner à Wengen. Mais cette fois, il va falloir gérer la longueur de la course: d'une minute trente en Coupe d'Europe, on va passer à deux minutes quarante en Coupe du monde. Je suis curieux de voir ce que je vais être capable de faire sur le parcours plus long...

Petit portrait
Arnaud Boisset

Né le 08/05/98, 185 cm, 85 kg

Ski-club: Bagnes

Groupe d'entraînement: WC Elite Speed

Entraîneur: Vitus Lüönd

Ecole: Bachelor of Science in Economics

 

Principaux résultats

1 podium en Coupe du monde  -  4 top 10 en Coupe du monde  -  11e du classement du super-G 2024  -  1er du classement du super-G de la Coupe d'Europe 2023  -  3e du classement général de la Coupe d'Europe 2023  -  vice-champion suisse de descente 2023 à Verbier

 

Mes objectifs

pour la saison 2025: sélection aux Championnats du monde de Saalbach

pour la saison 2026: sélection aux Jeux Olympiques d'hiver de Milano Cortina

pour la saison 2027: médaille aux Championnats du monde de Crans-Montana