19/12/2022 //
L’importance de l’environnement
On dit souvent qu’une grande partie de la course se joue dans la tête, avant même d’arriver sur la piste. Parfois, les résultats sont mauvais uniquement parce qu’on doute de ses capacités. Mais parfois, c’est encore un peu plus compliqué et subtil à comprendre.
Je me suis rendue à Engelberg avec ma maman car mon coach ne pouvait pas m’accompagner. Le soir où nous sommes arrivées, je ne sais pour quelle raison, je devins très vite agressive ; j’allai me coucher sans vraiment comprendre ce que j’avais. Le matin, ça c’était calmé mais au départ, en revanche, ce que j’avais pu ressentir les autres années était de retour : les jambes qui tremblent, la boule au ventre. Ma course n’a pas reflété mon niveau actuel, je n’étais pas moi-même. Le soir, une fois rentrées à la maison, nous avons regardé les photos et même au départ, je ne me reconnaissais pas, je ne me tenais pas droite, j’étais différente.
Le vendredi soir, je rejoignis mon groupe grâce à une très bonne copine qui montait à son chalet de Courchevel. Ils me déposèrent à Moutiers, où la copine de mon entraîneur me récupéra pour m’amener à notre camp de base de la Rosière (Haute-Tarentaise, Savoie). Le lendemain, je suis restée à la Rosière alors que mon groupe allait à Val Thorens pour des GS citadins. J’ai fait le tour du village et suis allée me promener dans la forêt enneigée. Je n’avais pas forcément envie de participer au premier jour de course ; je n’ai donc eu aucun regret quand j’ai vu que la péna était à 43 points.
Jour de course
Le jour de la course, dès que je me suis levée, j’étais trop de bonne humeur, je chantais, je dansais. J’étais très heureuse car j’allais revoir plein de copains que je n’avais pas vus depuis longtemps. Qu’importe mon résultat, je serais heureuse.
Je suis partie 2 en première manche, que j’ai gagnée avec 1.34 d’avance (et pas face à n’importe qui, une fille dont j’ai toujours trouvé qu’elle skie très bien et plutôt vite). Entre les deux manches, j’étais en mode détente : nous sommes allés avec mon acolyte des cafés dans un petit restaurant où nous avons pris deux énormes chocolats chauds viennois avec des petits croissants, etc.
Au départ de la deuxième manche, j’étais sereine. Le fameux Marc Garcia, qui avait l’habitude de me chausser car il disait qu’il me portait chance, me chaussa ; un copain m’accompagna dans la cabane de départ. Le tracé était plus exigeant et compliqué que le premier et croisait les traces de la première manche. Etonnamment, je n’ai pas trop senti ces croisements, sauf à l’entrée du mur où c’était bien marqué, mais tout se passa bien. À l’arrivée, mon pote de Belgique vint me féliciter : je n’avais pas seulement gagné, j’avais remporté les 2 manches, avec une avance au final de plus de 2 secondes sur la deuxième et de plus de 5 sur la troisième. J’étais super heureuse. Avec ce temps, j’aurais été 4e chez les garçons, même si la piste a dû bouger un peu. J’aime bien me comparer aux garçons car quand je réalise de bonnes courses, je ne suis pas très loin ; et là, c’était le cas.
Vint l’heure du podium. C’est alors que j’appris que la péna était à 29 points. Au début, je n’y croyais pas, mon papa qui calcule très bien m’avait dit 34, et ç’aurait déjà été super. Mais suite à une disqualification, la Japonaise qui avait fini 11e entra dans la péna. C’est ainsi que j’ai marqué moins de 30 points. Incroyable !
Sur le trajet du retour, nous avons regardé le foot et la défaite de la France après un match juste incroyable. Nous étions dégoûtés mais il faut dire ce qui est, l’Argentine méritait cette victoire. Quel match !
Ensuite, j’ai appelé mes parents pour leur raconter ma journée. Ils étaient super heureux pour moi. Si je fais encore du ski aujourd’hui, je le dois vraiment à ma famille ; si elle ne m’avait pas accompagnée et soutenue depuis que je suis toute petite, j’aurais arrêté peut-être déjà en U14. Mais ils ont tout fait pour moi ; mon papa m’a entraîné pendant longtemps, et m’entraîne encore quand il a du temps. Ils m’ont vraiment transmis de solides bases techniques qui me permettent aujourd’hui de réaliser de bonnes choses. Et les rendre aussi fiers, c’était très important car ils ont partagé avec moi tous les moments difficiles. Et là, c’est un peu la récompense de n’avoir jamais abandonné.