Anna Violon

04/01/2024 // Nouvelle déception

358 jours après m’être blessée et 70 jours après ma deuxième opération, je devais me soumettre à un test de force qui déciderait de mon retour au ski ou pas. Il s’agissait du deuxième que je faisais cette année ; le premier datait du mois de juillet et s’était terminé rapidement car j’étais dans l’incapacité de le réaliser entièrement.

Cette fois-ci, sans le matériel, j’ai réussi à l’effectuer en entier. La première partie comportait un bilan isocinétique, qui consiste à évaluer la force maximale de certains groupes musculaires. Et la deuxième partie des tests fonctionnels (saut, stabilité, mobilité...).

Malgré les lacunes restantes, j’étais persuadée que je pourrais reskier car en patin, sur la glace, ça allait bien ; même si je sens et vois encore une différence, je pensais qu’on me laisserait refaire un peu de ski. Mais ce n’est pas le cas, l’écart étant d’encore 20-30% par rapport à mon autre jambe. Le risque de blessure est trop important.

J’aurai donc bel et bien bouclé une année entière sans ski. 

Les prochains tests tomberont vers la mi-février. J’ai donc un gros mois de préparation physique à faire, en travaillant principalement la jambe blessée de manière unilatérale. Et si tout va bien, en février, je pourrais à nouveau chausser les skis.

27/11/2023 // Les choses avancent plus rapidement que prévu

C’est donc dix mois après ma blessure à Val d’Isère que je me suis fait opérer pour enlever le matériel qui restait dans ma jambe, soit deux mois plus tôt que prévu.

L’opération s’est bien déroulée malgré d’énormes douleurs au réveil. Après une nuit passée à l’hôpital, j’ai pu rentrer chez moi. Tout s’est passé très vite puisque seulement deux semaines après, je commençais déjà à marcher sans béquille.

Maintenant, il me reste quelques semaines à patienter sans faire de sport pour que l’os se consolide. Ensuite, il y aura un gros mois de préparation physique, qui se terminera par des tests qui valideront - ou pas - mon retour sur les skis début janvier.

11/09/2023 // Toujours pas de ski en vue

Les mois se suivent et ne ressemblent pas, mais ils ont tous une chose en commun pour moi : l’interdiction et l’incapacité de remettre les skis.

Six mois après l’opération, j’ai recommencé à marcher, à peu près normalement. J’étais encore très limitée en descente ou sur de grandes distances, mais c’était déjà ça.

L’accident remonte désormais à plus de huit mois. Et je suis loin de pouvoir reprendre mes activités préférées, qui sont le ski et le skate. Je me suis donc tournée vers d’autres sports, notamment le tennis, que je détestais étant petite ; aujourd’hui, une fois que je suis sur un court, je ne veux plus m’arrêter.

J’ai aussi repris le travail, actuellement dans les RH, et j’ai commencé une maturité professionnelle sur deux ans, à mi-temps, ce qui me permettra d’avoir du temps soit pour travailler parallèlement aux études soit pour reprendre le ski lorsque je serai prête.

Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de ski pour moi cette année. Comme la plaque que l’on m’a posée est très importante, il m’est impossible de rester plus de 20 minutes dans mes rollers. Alors inutile d’envisager d’enfiler les chaussures de ski... J’espère pouvoir être opérée d’ici la fin de l’année afin qu’on m’enlève tout le matériel et que je puisse peut-être disputer quelques courses en fin de saison, mais il n’y a rien de sûr.

Sur le plan émotionnel, cette année n’est pas facile. Comme on dit, il n’y a qu’un pas entre le rêve et le cauchemar. Mais entre le cauchemar et le rêve, il y a des heures de travail - et un peu de chance. Je suis en train de faire tout ce qui est nécessaire pour revenir sur les pistes et enfin pour reprendre cette vie que j’aimais tant.

09/01/2023 // Fracture du tibia et du péroné

Je suis du genre à croire au destin, à penser que certaines rencontres, certains événements sont destinés à nous arriver. Mais qu’en revanche, notre manière de faire face à ces événements ne dépend que de nous. Mais là, maintenant, tout de suite, je me demande « pourquoi ?».

Val d’Isère, 27 décembre 2022.

Ce jour-là ma vie a pris un tout autre tournant. J’étais au meilleur de ma forme : quand je skiais, j’avais l’impression de voler, j’étais super heureuse, tout se passait au mieux. Mais il y a des choses qu’on ne peut prévoir et qui viennent tout détruire.

Avec mon groupe, on s’entraînait à Val d’Isère. Le matin, il avait neigé ; mon acolyte Laurine et moi avons fait un peu de ski libre dans la poudreuse puis, après 3 lissages, nous avons enchaîné 6 manches. Ensuite, nous sommes allés manger dans une petite crêperie sur le front de neige. Après un bon repas, nous devions nous entraîner dans un petit stade à Solaise, en face de Bellevarde. Après la reconnaissance, j’ai repris le télésiège et me suis élancée dans le tracé. Tout se passait très bien quand brusquement, sans que je comprenne comment, mes skis se sont croisés, j’ai chuté sans déchausser, mon tibia s’est retourné et j’ai glissé sur une dizaine de mètres en hurlant. Là commencèrent des minutes interminables. Je hurlais de douleur, c’était juste affreux ; les secours arrivèrent assez vite à ce qu’il paraît mais pour moi, tout était beaucoup trop long. Pisteurs, barquette tirée par la motoneige. J’ai regardé mes copains pendant quelques secondes, puis baissé les yeux.

Ensuite, il y a eu l’ambulance. Arrivée au cabinet médical, je hurlais toujours autant ; je suppliais qu’on m’endorme et me suis défendue avec toute mon énergie pour sauver ma combinaison car je ne voulais pas qu’on la découpe ! En vain… Les infirmières m’ont mise sur une table pour passer une radio, les antidouleurs qu’on m’avait donnés ne fonctionnaient pas, alors on a décidé de m’endormir. Là, je fis un long voyage. Quand je me suis réveillée, j’étais entre rêve et réalité, je ne comprenais rien, j’avais l’impression que mon esprit était détaché de mon corps. J’ai demandé plusieurs fois aux infirmiers où j’étais car je ne réalisais pas. Je ne voulais pas croire que ça m’était vraiment arrivé, j’avais l’espoir que la réponse change mais la vérité, c’est que ça m’était bien arrivé ; la douleur me rappelait d’ailleurs à la triste réalité.

Une fois plâtrée, j’ai été transportée en ambulance jusqu’à Chambéry, où j’ai retrouvé mes proches. J’ai été opérée le lendemain. Malgré la fracture importante et complexe, l’opération s’est déroulée à merveille ; 3 jours après, j’ai pu rentrer à la maison. 

Hier, j’ai reçu la vidéo. En fait, absolument rien ne s’est déroulé comme je le pensais. Je n’arrive même pas à savoir pourquoi je suis tombée. C’était peut-être mon destin, ça devait m’arriver. Maintenant, ce que je vais faire, et comment je vais le faire, ne dépend que de moi. Je vais d’abord prendre le temps nécessaire pour faire les choses bien, et on verra ensuite ce que l’avenir me réserve.

19/12/2022 // L’importance de l’environnement

On dit souvent qu’une grande partie de la course se joue dans la tête, avant même d’arriver sur la piste. Parfois, les résultats sont mauvais uniquement parce qu’on doute de ses capacités. Mais parfois, c’est encore un peu plus compliqué et subtil à comprendre.

Je me suis rendue à Engelberg avec ma maman car mon coach ne pouvait pas m’accompagner. Le soir où nous sommes arrivées, je ne sais pour quelle raison, je devins très vite agressive ; j’allai me coucher sans vraiment comprendre ce que j’avais. Le matin, ça c’était calmé mais au départ, en revanche, ce que j’avais pu ressentir les autres années était de retour : les jambes qui tremblent, la boule au ventre. Ma course n’a pas reflété mon niveau actuel, je n’étais pas moi-même. Le soir, une fois rentrées à la maison, nous avons regardé les photos et même au départ, je ne me reconnaissais pas, je ne me tenais pas droite, j’étais différente.

Le vendredi soir, je rejoignis mon groupe grâce à une très bonne copine qui montait à son chalet de Courchevel. Ils me déposèrent à Moutiers, où la copine de mon entraîneur me récupéra pour m’amener à notre camp de base de la Rosière (Haute-Tarentaise, Savoie). Le lendemain, je suis restée à la Rosière alors que mon groupe allait à Val Thorens pour des GS citadins. J’ai fait le tour du village et suis allée me promener dans la forêt enneigée. Je n’avais pas forcément envie de participer au premier jour de course ; je n’ai donc eu aucun regret quand j’ai vu que la péna était à 43 points.

Jour de course

Le jour de la course, dès que je me suis levée, j’étais trop de bonne humeur, je chantais, je dansais. J’étais très heureuse car j’allais revoir plein de copains que je n’avais pas vus depuis longtemps. Qu’importe mon résultat, je serais heureuse.

Je suis partie 2 en première manche, que j’ai gagnée avec 1.34 d’avance (et pas face à n’importe qui, une fille dont j’ai toujours trouvé qu’elle skie très bien et plutôt vite). Entre les deux manches, j’étais en mode détente : nous sommes allés avec mon acolyte des cafés dans un petit restaurant où nous avons pris deux énormes chocolats chauds viennois avec des petits croissants, etc.

Au départ de la deuxième manche, j’étais sereine. Le fameux Marc Garcia, qui avait l’habitude de me chausser car il disait qu’il me portait chance, me chaussa ; un copain m’accompagna dans la cabane de départ. Le tracé était plus exigeant et compliqué que le premier et croisait les traces de la première manche. Etonnamment, je n’ai pas trop senti ces croisements, sauf à l’entrée du mur où c’était bien marqué, mais tout se passa bien. À l’arrivée, mon pote de Belgique vint me féliciter : je n’avais pas seulement gagné, j’avais remporté les 2 manches, avec une avance au final de plus de 2 secondes sur la deuxième et de plus de 5 sur la troisième. J’étais super heureuse. Avec ce temps, j’aurais été 4e chez les garçons, même si la piste a dû bouger un peu. J’aime bien me comparer aux garçons car quand je réalise de bonnes courses, je ne suis pas très loin ; et là, c’était le cas.

Vint l’heure du podium. C’est alors que j’appris que la péna était à 29 points. Au début, je n’y croyais pas, mon papa qui calcule très bien m’avait dit 34, et ç’aurait déjà été super. Mais suite à une disqualification, la Japonaise qui avait fini 11e entra dans la péna. C’est ainsi que j’ai marqué moins de 30 points. Incroyable !

Sur le trajet du retour, nous avons regardé le foot et la défaite de la France après un match juste incroyable. Nous étions dégoûtés mais il faut dire ce qui est, l’Argentine méritait cette victoire. Quel match !

Ensuite, j’ai appelé mes parents pour leur raconter ma journée. Ils étaient super heureux pour moi. Si je fais encore du ski aujourd’hui, je le dois vraiment à ma famille ; si elle ne m’avait pas accompagnée et soutenue depuis que je suis toute petite, j’aurais arrêté peut-être déjà en U14. Mais ils ont tout fait pour moi ; mon papa m’a entraîné pendant longtemps, et m’entraîne encore quand il a du temps. Ils m’ont vraiment transmis de solides bases techniques qui me permettent aujourd’hui de réaliser de bonnes choses. Et les rendre aussi fiers, c’était très important car ils ont partagé avec moi tous les moments difficiles. Et là, c’est un peu la récompense de n’avoir jamais abandonné.

Petit portrait

Née le 3/09/2003, 159 cm, 52 kg

Ski-club: Abondance (France)

Meilleures perfs en carrière: trois victoires en 2022

Points FIS au 30.9.2024: 41,28 en géant

Objectifs pour la saison 2024/25: me remettre de ma blessure et éventuellement disputer les courses de fin de saison

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