09/01/2023 // Fracture du tibia et du péroné
Je suis du genre à croire au destin, à penser que certaines rencontres, certains événements sont destinés à nous arriver. Mais qu’en revanche, notre manière de faire face à ces événements ne dépend que de nous. Mais là, maintenant, tout de suite, je me demande « pourquoi ?».
Val d’Isère, 27 décembre 2022.
Ce jour-là ma vie a pris un tout autre tournant. J’étais au meilleur de ma forme : quand je skiais, j’avais l’impression de voler, j’étais super heureuse, tout se passait au mieux. Mais il y a des choses qu’on ne peut prévoir et qui viennent tout détruire.
Avec mon groupe, on s’entraînait à Val d’Isère. Le matin, il avait neigé ; mon acolyte Laurine et moi avons fait un peu de ski libre dans la poudreuse puis, après 3 lissages, nous avons enchaîné 6 manches. Ensuite, nous sommes allés manger dans une petite crêperie sur le front de neige. Après un bon repas, nous devions nous entraîner dans un petit stade à Solaise, en face de Bellevarde. Après la reconnaissance, j’ai repris le télésiège et me suis élancée dans le tracé. Tout se passait très bien quand brusquement, sans que je comprenne comment, mes skis se sont croisés, j’ai chuté sans déchausser, mon tibia s’est retourné et j’ai glissé sur une dizaine de mètres en hurlant. Là commencèrent des minutes interminables. Je hurlais de douleur, c’était juste affreux ; les secours arrivèrent assez vite à ce qu’il paraît mais pour moi, tout était beaucoup trop long. Pisteurs, barquette tirée par la motoneige. J’ai regardé mes copains pendant quelques secondes, puis baissé les yeux.
Ensuite, il y a eu l’ambulance. Arrivée au cabinet médical, je hurlais toujours autant ; je suppliais qu’on m’endorme et me suis défendue avec toute mon énergie pour sauver ma combinaison car je ne voulais pas qu’on la découpe ! En vain… Les infirmières m’ont mise sur une table pour passer une radio, les antidouleurs qu’on m’avait donnés ne fonctionnaient pas, alors on a décidé de m’endormir. Là, je fis un long voyage. Quand je me suis réveillée, j’étais entre rêve et réalité, je ne comprenais rien, j’avais l’impression que mon esprit était détaché de mon corps. J’ai demandé plusieurs fois aux infirmiers où j’étais car je ne réalisais pas. Je ne voulais pas croire que ça m’était vraiment arrivé, j’avais l’espoir que la réponse change mais la vérité, c’est que ça m’était bien arrivé ; la douleur me rappelait d’ailleurs à la triste réalité.
Une fois plâtrée, j’ai été transportée en ambulance jusqu’à Chambéry, où j’ai retrouvé mes proches. J’ai été opérée le lendemain. Malgré la fracture importante et complexe, l’opération s’est déroulée à merveille ; 3 jours après, j’ai pu rentrer à la maison.
Hier, j’ai reçu la vidéo. En fait, absolument rien ne s’est déroulé comme je le pensais. Je n’arrive même pas à savoir pourquoi je suis tombée. C’était peut-être mon destin, ça devait m’arriver. Maintenant, ce que je vais faire, et comment je vais le faire, ne dépend que de moi. Je vais d’abord prendre le temps nécessaire pour faire les choses bien, et on verra ensuite ce que l’avenir me réserve.