07/04/2020 //
Une fin de saison particulière
Le coronavirus est venu chambouler la fin de saison en y mettant un terme de manière plutôt abrupte. Il nous est rapidement devenu interdit de courir en Italie, première région d’Europe à être massivement touchée, mais nous étions loin d’imaginer que tout allait s’arrêter du jour au lendemain. Nous pressentions toutefois que la saison peinerait à tenir jusqu’à mi-avril.
Durant la dernière semaine de courses, je me trouvais à Lelex, petite station du Jura français qui, par temps clair, offre une belle vue sur la Suisse et le lac Léman. Les mesures qui se mettaient en place pour lutter contre la propagation du virus ont raccourci le programme et ont fait de ces courses les dernières de la saison. Pour les deux géants programmés, j’ai réalisé de bonnes performances, dont le meilleur résultat de ma saison. J’ai malheureusement terminé sur une élimination en première manche du slalom.
Lors de ces quelques jours, beaucoup d’événements et d’importantes décisions liées au virus se sont enchainées en Europe. Il y a d’abord eu l’annonce du confinement en Italie et l’interdiction pour ses athlètes d’aller courir sur les épreuves à l’étranger. Puis, les annulations dans le domaine du sport se sont succédé. Les dernières épreuves de Coupe du monde sont passées à la trappe, tout comme les premiers grands prix de Formule 1, la ligue des champions ainsi que la suspension de la plupart des championnats nationaux. Le virus a pris de l’ampleur et nous avons saisi la mesure de ce qui se préparait depuis un moment mais que nous avions préféré minimiser ou tout du moins ne pas considérer comme réellement important.
Pour revenir au ski, les annulations se sont succédé et certains pays comme l’Autriche et l’Espagne avaient imité l’Italie en annulant définitivement toutes les courses restantes. En l’espace de trois jours, il ne restait plus qu’en Suisse, en France et en Amérique où des compétitions étaient encore disputées. Nous pensions avoir plus de chance que certaines autres nations, où des mesures d’annulation étaient intervenues plus rapidement mais, bien évidemment, à la découverte de la situation on s’est vite rendu compte que le sport devait passer au second plan. Nous étions naturellement déçus de devoir arrêter la saison mais nous avons tous compris que la santé primait et que nous étions au début d’une période inédite et compliquée.
Je suis donc passé une dernière fois par Brides, où l’équipe est basée et où je logeais, pour faire mes valises et reprendre mon matériel. J’ai profité d’une dernière soirée avec les gars de l’équipe pour leur dire au revoir. Durant une saison, on tisse des liens relativement forts et c’est dommage de les avoir quittés du jour au lendemain. En effet, on vit ensemble durant presque tout l’hiver et, d’un seul coup, l’aventure prend fin. Nous restons cependant en contact et j’apprécie habiter notre pays lorsque nous échangeons sur les événements actuels.
Une longue saison s’est achevée pour moi. J’avais opté cette année pour une préparation différente avec un stage de deux mois en Amérique du Sud. Ce fut une expérience très enrichissante ainsi qu’une belle découverte. J’ai ensuite fait un choix compliqué en tentant une expérience en France. Je tiens par ailleurs à remercier sincèrement le Ski-club académique Suisse pour son soutien et son aide administrative indispensable dans la réalisation d’un tel projet.
Au final, je suis très heureux de la tournure qu’a prise ma saison et des rencontres que j’ai pu faire. Cela m’a permis de voir et d’expérimenter de nouvelles choses avec des manières différentes de fonctionner.
D’un point de vue sportif je suis déçu des résultats obtenus cet hiver même si j’ai réalisé de bonnes performances en géant, discipline dans laquelle j’étais toujours un peu en retrait ces dernières saisons. En slalom j’ai connu une saison compliquée. Je n’ai pas été capable de produire, sur une course, deux manches de qualité. Bien que mon ski ait été en place sur certains types de tracé et sur certaines neiges, je n’ai pas trouvé la clé pour atteindre les objectifs que je m’étais fixés. C’est frustrant lorsqu’on n’a pas évolué à la hauteur de nos attentes et que tout s’arrête d’un seul coup. J’étais rempli d’attentes et de motivation pour la fin de saison, une période qui m’a souvent souri par le passé et durant laquelle j’étais habitué à performer. Cela fait partie du jeu et c’est pour tout le monde pareil. La situation actuelle permet toutefois de relativiser et de mettre le sport en second plan. Lorsqu’on est dedans toute la saison, pratiquement toute l’année, on a la tête dans le guidon et on ne prend pas spécialement le temps de regarder autour de soi. Cette situation permet de se poser et se questionner sur les choses qui sont réellement importantes.
Je profite maintenant du temps que j’ai à disposition pour me concentrer pleinement sur mes études et, lorsque les circonstances le permettent, pour faire des activités que je n’ai pas l’occasion de réaliser en temps normal. Je profite également de la situation actuelle pour faire un peu le point, calmement et à tête reposée, pour planifier la suite.
Peu importe ce que je décide de faire, l’année prochaine auront lieu les Universiades d’hiver à Lucerne ! J’ai eu la chance de participer à la dernière édition de ce magnifique événement qui s’était déroulé en Russie. Cette compétition s’étend sur deux semaines et les épreuves réunissent des étudiants du monde entier. Avec quelques collègues du Ski-club Académique Suisse nous avons monté un projet de crowdfunding qui a pour but de nous aider à financer une partie de nos dépenses pour la préparation de cet événement. Si vous êtes intéressé à soutenir les athlètes/étudiants, je vous invite à découvrir toutes les informations concernant ce projet ici.
Merci aux lecteurs de tooski de m’avoir suivi cette année et pour les nombreux messages de soutien reçus. Je vous souhaite, malgré la situation, un bel été et n’hésitez pas à saisir l’opportunité de prendre du temps pour vous, d’explorer de nouvelles occupations et de partager des moments privilégiés avec vos familles.