Arnaud Boisset

05/03/2019 // Les deux premiers jours de compétition

Les Universiades, j’adore ! Je ne sais pas si l’ambiance et l’esprit sont les mêmes aux JO mais là, on sent qu’on fait partie d’une équipe, on croise d’autres athlètes, des hockeyeurs, des snowboardeurs, des fondeurs, on rencontre des personnes qu’on n’a pas l’habitude de voir, des responsables et des entraîneurs d’autres sports, des étudiants provenant de Turquie, d’Argentine… C’est vraiment génial. 

Et l’ambiance est très fair-play, plus que lors des courses en Suisse où nous sommes en fait tous concurrents. Il y a au départ des représentants de petites nations, dont certains n’ont pas la possibilité de skier toute l’année, et tout le monde est là pour se faire plaisir, même ceux qui jouent la gagne.

Les compétitions ont débuté dimanche, par le super-G. Les filles ont ouvert les feux, et Amélie a créé une petite surprise avec sa médaille d’argent. On l’attendait prioritairement en combiné, mais elle a super bien skié.

Ensuite, ce fut le tour des garçons. Pour mon compte, j’étais d’avis qu’il fallait tenter quelque chose sur ce type de piste; malheureusement, je suis sorti un peu large au fond du mur, ce qui ne m’a pas permis d’emmagasiner suffisamment de vitesse pour le plat. J’ai donc terminé à 36 centièmes du vainqueur et à 7 du podium. J’ai joué – ça n’a pas marché. Mais comme je le dis toujours, je préfère prendre des risques quitte à partir à la faute plutôt que de fournir une manche moyenne. Au final, l’équipe a ramené un super résultat, avec l’or de Lukas, le bronze de Yannick et ma 5e place.

A la fin de la course, on a bien remarqué que les Universiades sont un autre monde. Il faut passer par le contrôle anti-dopage, une première pour moi. Avec beaucoup de documents à lire, à signer (pas de nouvelles jusqu’ici, donc tout doit être en règle…). Quant aux médaillés, ils ont tout d’abord la cérémonie des fleurs, puis la remise des médailles, et enfin la conférence de presse, en anglais. Cette dernière a bien duré 40 minutes, avec des journalistes russes et internationaux qui posent parfois des questions un peu délicates du type Que pensez-vous de la Russie? ou Comment trouvez-vous la ville? Ils n’abordent certes pas directement de sujet politique mais ce sont un peu des questions piège pour nous. Si toutes ces opérations prennent pas mal de temps, nous les partageons en équipe, si bien que nous sommes rentrés relativement tard dans nos quartiers.

Lundi était jour de repos pour les garçons. J’ai commencé par passer un moment dans le fitness du village, qui est grand, avec tous les équipements qu’il faut. Vers 11 heures, nous sommes partis pour un entraînement de slalom. On était avec les Français mais aussi avec des skieurs de plus petites nations, comme la Turquie ou l’Ouzbékistan, qui nous «lissaient» un peu le parcours, c’était plutôt marrant.

Mais cela ne nous a pas empêchés de suivre les filles à la télévision qui, elles, disputaient le combiné. Amélie s’est particulièrement bien débrouillée lors de la manche de super-G, en finissant 2e à seulement 16 centièmes alors qu’elle avait perdu 1.09 la veille. Jessica a elle aussi réussi un bon chrono, le 4e. La performance d’Amélie était d’autant plus prometteuse qu’elle est très bonne slalomeuse.

Une fois notre entraînement terminé, nous sommes allés assister au slalom des filles. Les conditions étaient très bonnes, la piste était bien préparée, elle n’a pas bougé. Mais le tracé était vraiment très court, difficile, avec beaucoup de vitesse, puis devenant d’un coup tournant. Si bien que beaucoup de concurrentes ont craqué. Amélie a livré une manche en-deçà de ses qualités mais elle a quand même fini 2e à 55 centièmes. C’est dommage, il y avait moyen de faire mieux; elle a en effet perdu plus de temps en slalom qu’en super-G alors qu’elle aurait pu en gagner. Et c’est là qu’intervient la magie des Universiades: même si elle était un peu déçue de sa prestation, Amélie a pu être réconfortée par les félicitations de l’ensemble de la délégation suisse au retour au village. C’est vraiment quelque chose dont les skieurs n’ont pas l’habitude.

L’objectif officiel pour l’ensemble de la délégation suisse - toutes disciplines confondues - était de remporter quatre médailles. La mission est d’ores et déjà remplie!

Photo: Tout le village des athlètes est décoré d'un mur de glace

sculpté en forme de montagnes et de sapins.

Petit portrait
Arnaud Boisset

Né le 08/05/98, 185 cm, 85 kg

Ski-club: Bagnes

Groupe d'entraînement: WC Elite Speed

Entraîneur: Vitus Lüönd

Ecole: Bachelor of Science in Economics

Meilleures perfs en carrière: 1er du classement du super-G de la Coupe d'Europe 2023 - 3e du classement général de la Coupe d'Europe 2023 - vice-champion suisse de descente - 2 victoires en Coupe d'Europe - 7 podiums en Coupe d'Europe

Classement mondial au 1.09.2023: 27e en super-G / 77e en descente

Objectifs pour la saison 2023/24: terminer dans le top 30 en Coupe du monde