05/09/2019 // L’ogre Hirscher est repu
Trente ans, c’est tôt pour raccrocher, surtout à une époque où les carrières ont plutôt tendance à se rallonger avec la possibilité de gagner décemment sa vie en pratiquant son sport. Marcel Hirscher, octuple vainqueur du général de la Coupe du monde, a néanmoins annoncé hier soir lors d’une conférence de presse très suivie chez nos voisins, au point d’éclipser quelque peu la campagne pour les prochaines législatives, qu’il refermait le chapitre ski de compétition. Le champion a invoqué des raisons familiales, une certaine lassitude et la difficulté à se remobiliser sans cesse, surtout pendant la période estivale. Au-delà de ses 8 gros globes, un record pour l’éternité, à l’image des 11 Roland Garros de Nadal, Hirscher a remporté 3 médailles olympiques dont deux d’or (géant et combiné en 2018), 7 titres mondiaux, 12 petits globes (6 en slalom et 6 en géant), 67 victoires en Coupe du monde, ce qui le situe en 2e position derrière les 86 de Stenmark. Mais Hirscher, c’est aussi et surtout une domination hégémonique, comme on n’en avait encore jamais vue de pareille sur le cirque blanc sur une aussi longue durée.
Succession ouverte
Son départ rebat les cartes avec des prétendants à sa succession au palmarès du gros globe qui se bousculent au portillon: de «vieux adversaires» comme Alexis Pinturault et Henrik Kristoffersen, mais aussi des jeunes aux dents longues comme Marco Schwarz, voire les Suisses Marco Odermatt et Loïc Meillard, même si ce ne sera sans doute pas encore pour cette saison pour nos deux grands espoirs. La décision d’Hirscher a bien sûr déchaîné une avalanche de louanges, et l’on se demande déjà dans son pays où le situer parmi les plus grands sportifs autrichiens de tous les temps où il côtoie désormais au panthéon d’autres skieurs alpins comme Toni Sailer, Karl Schranz, Franz Klammer, Hermann Maier, mais aussi le pilote Niki Lauda, récemment disparu. Partir à 30 ans, c’est tôt, nous le disions, mais cela pourrait aussi ouvrir la voie à un éventuel come-back – purement hypothétique à ce stade. La spéculation est gratuite mais s’il commençait à ressentir des démangeaisons au niveau des chevilles et des mollets dans deux ou trois ans, pourquoi pas? Après tout, rien n’est impossible, d’autant qu’il n’a jamais été champion olympique de slalom. Une anomalie!
Photo: © Zoom