12/06/2018 // L’idéal olympique en berne
Le refus de la population valaisanne d’octroyer un crédit de 100 millions de francs pour le projet olympique Sion 2016 ne s’explique que partiellement par des considérations internes à la candidature: on peut citer pêle-mêle un manque de leadership (le nouveau conseiller d’Etat Frédéric Favre était bien seul à ferrailler en première ligne contre les opposants alors que d’autres ténors se tenaient tranquillement à «couvert»), des responsables fédéraux (Jürg Stahl et Hans Stöckli) inaudibles, des sportifs relégués au second plan (où étaient les Didier Défago, Stéphane Lambiel, Nico Hischier et autres ténors du sport valaisan et suisse?), une communication calamiteuse couronnée par l’épisode tragi-comique du bidon d’essence brûlé sur le Cervin, etc. Elles restent cependant secondaires. Et bien sûr, le Valais n’a pas du jour au lendemain viré écolo, sans quoi le quarteron de loups qui hantent les bois du Vieux Pays n’auraient pas à prouver bientôt que leur ADN est 100% estampillé canis lupus pour échapper aux balles des chasseurs…
Non, le Valais n’a en fait que rejoindre le camp des CIO-sceptiques. La défiance envers le CIO est aujourd’hui largement répandue des Grisons à la Scandinavie en passant par l’Allemagne et bien d’autres pays. Malgré l’agenda 20-20 plaidant pour un redimensionnement des jeux, les instances du mouvement olympique affaiblis par les scandales à répétition, peinent à se refaire une virginité. Au-delà des intentions louables, l’attribution des Jeux d’hiver 2022 à Pékin, n’est pas un bon signe, sans compter qu’individuellement, les membres du CIO, n’ont en rien abandonné leur train de vie somptuaire. Tout cela sans compter que le CIO laisse généreusement les villes et pays candidats assumer les déficits éventuels tout en encaissant intégralement la manne des droits télévisés, conformément à la formule «A vous les risques, à nous les sous!». Et dans le cas de Sion, le ressentiment de la population encore vivace après l’échec de la candidature de 2006 dans des conditions très troubles, s’ajoute encore à ces raisons. Si pour un athlète, les JO continuent d’être le but ultime, ils ont manifestement cessé de faire rêver les peuples.