08/11/2012 // Les médecins sont-ils coupables de l’hécatombe dont vit l’équipe suisse?
Le blick.ch a publié un article aujourd’hui au sujet du staff médical de l’équipe suisse de ski alpin. Il relève trois cas, ceux de Beat Feuz, Carlo Janka et Sandro Viletta, dans lesquels ils auraient une certaine responsabilité. Revenons-y et parlons aussi du cas de Justin Murisier.
Une chose est sûre, on ne peut pas parler de relation de confiance pour exprimer les rapports qu’entretiennent les médecins de l’équipe et les entraîneurs. La déclaration faite par l’entraîneur en chef des garçons Osi Inglin lors de sa prise de fonction en 2011 en atteste : « A la place d’un entraîneur en chef, swiss-ski ferait peut-être mieux d’embaucher un nouveau médecin chef. » Afin de mesurer aux mieux ces dires, revenons sur les quelques cas qui font débat.
Beat Feuz
Le cas de Beat Feuz parait interminable. Son malheur a débuté il y a 16 mois par une erreur de diagnostic relève blick.ch. Opéré en printemps dernier, il vit un véritable calvaire depuis cet été. Il est constamment en train de faire des allers retours entre la convalescence et l’entraînement. Après qu’il a dû interrompre prématurément sa préparation en Terre de Feu en août, les médecins lui ont demandé de faire de la physiothérapie. De retour en octobre, il a renoncé à Sölden et skié sans forcer, mais voilà que son genou refait des siennes ; une inflammation à l’articulation du genou gauche accompagnée d'une grosse accumulation de liquide.
Sandro Viletta
Victime d’une commotion cérébrale suite à une chute l’hiver dernier, les médecins suisses ont usé d’une méthode assez spéciale pour examiner son cas. Une semaine après l’accident, Viletta a en effet reçu le feu vert des médecins suite à un questionnaire téléphonique. Christian Schlegel, médecin en chef de l’équipe masculine, se justifie : « Bien sûr que Viletta a d’abord été ausculté. Pour la période suivante, on travaille avec un questionnaire auquel on peut répondre par téléphone. Si mon athlète me dit que tout va bien à chaque question, je ne peux pas prouver le contraire. » Arthur Trost, médecin de la Fédération autrichienne de ski, n’est pas du même avis : « Avant de pouvoir remettre les skis suite à une commotion cérébrale, le skieur doit être examiner correctement. Un sondage téléphonique ne suffit pas. »
Carlo Janka
Force est de constater que le mystérieux virus dont il a été victime par le passé avait été détecté que très tardivement par les médecins. Par ailleurs, n’étant pas satisfait des soins qu’on lui donnait pour ses problème de dos de l’an passé, le Grisonnais s’est tourné vers un thérapeute indépendant grâce à qui ses douleurs ont disparues.
Justin Murisier
Malgré son jeune âge, le grand espoir valaisan a déjà connu passablement de déboire avec son genou. Victime d’une déchirure du ligament croisé antérieur au genou droit en septembre 2011, il a pu remettre les skis en avril 2012 mais se blessa à nouveau 3 mois plus tard lors du stage à Ushuaïa. Il n’est pas rare d’entendre dire que les médecins l’ont laissé reprendre trop rapidement la compétition.
Nul ne peut dire si les médecins de l’équipe suisse ont leur part de responsabilité dans l’hécatombe dont vit actuellement l’équipe de Suisse masculine. Néanmoins, au vu des quelques exemples ci-dessus, on peut se demander si les moyens dévolus aux médecins des équipes de ski suffisent à répondre au nombre toujours plus grand de blessures dont sont victimes les skieurs. Marc Gini, qui n’était pas satisfait par le suivi des médecins, n’a pas hésité de demander l’appui de l’ancien médecin de l’équipe nationale de football. Une chose est sûre, comme l’a déclaré le chef du sport de compétition de Swiss-Ski Dierk Beisel, il faut revoir l’approche médicale de cette saison.