12/08/2014 // «Le talent ne suffit pas pour rejoindre l’élite»
Reto Weisskopf travaille comme entraîneur de condition physique chez Swiss-Ski depuis 13 ans. Il a déjà accompagné Carlo Janka, Marc Berthod et Daniel Albrecht sur le chemin vers l’élite et encadre le cadre C des hommes pour la 3e saison. Le Soleurois de 43 ans a passé ces deux dernières semaines à Macolin, où Matthias Brügger, Marc Pfister, Loïc Meillard, Sandro Simonet et Noel von Grünigen ont suivi un entraînement assidu de condition physique sous son œil attentif.
Reto, quel était l’objectif du bloc de condition physique à Macolin ?
Dans cette phase préparatoire, l’entraînement de condition physique figure à l’avant-plan. Les athlètes s’entraînent en outre sur la base de programmes individuels. Ainsi par exemple, Mätthu Brügger s’entraîne déjà dans le domaine CI (coordination intramusculaire), le développement de la force maximale, tandis que Noel von Grünigen se trouve toujours dans la phase de renforcement musculaire, l’entraînement hypertrophie. Quant à Marc et Sandro, ces deux semaines, ils travaillent encore sur l’apport d’énergie, l’optimalisation de leurs capacités d’endurance sous la forme d’un bloc d’intensité, avant de se consacrer aussi principalement à l’entraînement de condition physique.
Quel est ton bilan des deux semaines écoulées ?
Le groupe était très motivé, la dynamique de groupe était bonne. Les garçons se sont motivés mutuellement et le travail était dès lors très plaisant.
Sur une échelle de 1 à 10, quel est ton degré de satisfaction par rapport à la forme physique de tes garçons ?
Certains athlètes sont proches de 10, tandis que d’autres ont plus de travail à abattre avant que je ne puisse leur attribuer un 10. Globalement, ils ont toutefois tous une bonne base physique sur laquelle on peut construire. L’important est de renforcer les points forts et d’atténuer les points faibles grâce à un entraînement individuel.
A quoi attaches-tu une importance particulière dans la collaboration avec les garçons ?
Pour moi, il est important que les garçons travaillent assidûment et poursuivent leur voie, sans perdre leur objectif de vue. En outre, j’exige de chaque athlète qu’il connaisse au mieux les principes d’entraînement et qu’il sache exactement pourquoi il fait quel exercice et quel est l’effet de chaque méthode et intensité d’entraînement. C’est pourquoi les athlètes doivent en partie élaborer leurs propres programmes d’entraînement. Je remanie leurs propositions et j’en discute avec eux. Ils peuvent ainsi mieux comprendre l’ensemble du processus d’entraînement.
Plus généralement, quel est le plus grand défi dans ton travail, par rapport à la collaboration avec de jeunes sportifs d’élite ?
Malheureusement, dans le cadre C justement, on rencontre régulièrement des athlètes qui ont beaucoup de talent, mais qui ne savent pas au juste quoi en faire. Ils ne comprennent pas encore que le talent seul ne suffit pas pour rejoindre l’élite. Souvent, ces athlètes manquent d’assiduité à l’entraînement et de persévérance, ils ne sont pas disposés à fournir l’effort supplémentaire qui fait la différence. C’est parfois assez frustrant.
Comment gères-tu de tels « cas » ?
Il faut en priorité que chaque athlète comprenne qu’il est l’artisan de son propre bonheur ou en d’autres termes, qu’il a la majorité des cartes en main pour savoir jusqu’où il peut aller. Il y a deux façons de faire comprendre cela aux athlètes. Je peux infliger des sanctions ou je tente de dialoguer, d’en appeler à leur bon sens en quelque sorte, de démontrer à la personne concernée que le talent seul ne suffit pas pour percer. Il est très difficile/délicat de déterminer quelle voie ou quelle approche mène effectivement à l’objectif fixé, cela demande par conséquent beaucoup d’intuition.
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