17/03/2014 // Encore et toujours le piquetage…
Après l’épisode de Sotchi où coureurs, entraîneurs et journalistes avaient vertement critiqué le tracé imaginé par Ante Kostelic lors de la première manche du slalom olympique, on a assisté dimanche à une nouvelle levée de boucliers après la première manche du slalom des finales de Lenzerheide. La cible toute désignée était cette fois non pas Kostelic mais Mike Pircher, l’entraîneur de Marcel Hirscher, qui aurait commis le crime de créer un tracé très tournant, favorable à son protégé, sachant pertinemment que la piste n’allait pas tenir. Comme à Sotchi, les noms d’oiseaux ont volé bas: «Ce sont des abrutis», a notamment déclaré Jean-Baptiste Grange. S’il faut reconnaître que le tracé était très tortueux et manquait de rythme, de tels propos sont singulièrement exagérés. Le problème n’est-il pas plutôt justement que les pistes ne tiennent pas? Car au niveau des tracés, que dire alors des descentes qui ressemblent à s’y méprendre à des Super-G, piquetés par des entraîneurs dont le but premier est de permettre aux techniciens de marquer des points? Sans consulter son programme, le téléspectateur lambda qui allume aujourd’hui son poste ne sait pas, dans plus de 50% des cas, s’il assiste à une descente ou à un Super-G. Or soit ce sont des épreuves distinctes, soit l’une, en l’occurrence le Super-G, n’a pas lieu d’être. On assiste aujourd’hui à un paradoxe étonnant: on veut des descentes qui tournent et des slaloms qui vont tout droit! Or si l’aspect sécuritaire explique en partie le choix de tracer des descentes tournantes, l’argument ne vaut nullement pour le slalom. Si l’on visionne des images d’archives, on s’aperçoit que les tracés du passé étaient plus tourmentés que ceux d’aujourd’hui et exploitaient pleinement les typicités du terrain. Il est permis de douter que l’avenir du slalom soit dans l’imitation des slaloms parallèles, qui gomment totalement la topographie, où tous les tracés sont aseptisés et rigoureusement semblables, que l’on soit dans les Alpes, dans les Rocheuses ou à Koweit City. Pour éviter la polémique, on pourrait aussi confier le piquetage à des traceurs neutres et prévoir un cahier des charges plus sévère. Si on trace une manche en plein soleil au mois de mars, on ne peut pas se plaindre que la piste ne tient pas. C’est sans doute sympa pour les spectateurs mais ce n’est pas forcément l’idéal en termes d’équité sportive…