10/02/2014 // Descente messieurs : le temps des regrets
Bode Miller
Bode Miller ne sera jamais champion olympique de descente. A 36 ans, l’Américain devrait poursuivre l’aventure jusqu’aux championnats du monde de Vail l’an prochain mais on l’imagine mal aller au-delà. Parti hier avec une étiquette de favori qu’il s’était lui-même collée sur le dos en dominant les entraînements, Miller, comme à Kitzbühel, n’a pas réussi la course parfaite à l’heure H. Avec la mauvaise foi qui sied souvent aux grands champions (dans ce «métier» être mauvais perdant est une immense qualité), il pointait la mauvaise visibilité et la neige plus chaude par rapport aux entraînements et confiait ne pas trop savoir où il avait perdu du temps. Mais avant la course, il avait tout de même avoué au futur vainqueur Matthias Mayer s’être senti très nerveux. Un autre aspect, 100% technique celui-là, mérite toutefois d’être pris en considération. Commentant la course sur la chaîne alémanique, Bernard Russi, s’est étonné de la position très relevée de l’Américain dans certains secteurs du milieu et du bas du parcours. C’était même si frappant qu’on a eu parfois l’impression que Bode avait manqué une porte et se relevait pour abandonner. Pour Russi, le skieur de Franconia, se désintéresserait complètement de la dimension aérodynamique de la descente et ne serait pas prêt, surtout à 36 ans, à passer des heures en soufflerie à peaufiner sa position pour grappiller des centièmes. Des centièmes qui ont pourtant fait toute la différence sur une piste finalement pas si sélective que cela puisque après plus de 2 minutes de course, le 10e n’est qu’à 81 centièmes…
Beau joueur, Aksel-Lund Svindal préférait quant à lui souligner ses propres erreurs que chercher des poux dans la piste ou ailleurs. Pourtant, le grand Norvégien devait bien savoir que ce tracé, sorte de super Super-G, lui convenait à merveille et qu’il venait là de rater une occasion historique de donner à son pays sa première victoire dans l’épreuve reine des Jeux. Deuxième de la course, Christof Innerhofer aurait eu lui aussi des raisons de nourrir quelques regrets puisqu’il échoue à 6 centièmes de l’or. Mais c’est la joie qui l’emportait chez le skieur transalpin. Sa course a cependant paru plus aboutie que celle de Mayer et sans les conditions changeantes (neige plus molle sur le bas du parcours), le titre lui serait sans doute revenu. Enfin, côté suisse, Carlo Janka digérait assez difficilement l’erreur sur le Saut de l’Ours qui l’a privé d’une médaille et sans doute de l’or. Comme le Grison perd 8 dizièmes sur le bas du parcours et qu’il finit à 48 centièmes de Mayer, le calcul est vite fait… Pourtant, au-delà des regrets, il sait désormais qu’il est pleinement de retour, pour la gagne et non plus seulement pour les places d’honneur et c’est bien entendu cela qu’il doit retenir en vue du Super-G.