20/01/2014 // Retour sur Wengen: Küng grand vainqueur d’un «petit» Lauberhorn?
C’est l’éternelle question du verre à moitié plein ou à moitié vide. Pour les uns, un Lauberhorn de une minute 30, c’est-à-dire amputé d’un peu plus d’une minute, c’est un peu comme un Vendée Globe qui ferait l’impasse sur le Pacifique, c’est-à-dire une course complètement émasculée. Il est vrai qu’à Wengen, la durée inhabituelle de la descente n’est pas un élément périphérique de l’épreuve: c’est même son originalité principale et sa difficulté numéro un.
D’un autre côté, quelles étaient les alternatives? Annuler purement et simplement la course? La faire disputer sur son tracé intégral envers et contre tout au risque de la transformer en loterie, avec des athlètes profitant de moments de répit où le vent souffle moins fort? Attendre une heure ou deux pour voir si le vent faiblit? Les organisateurs ont fait un choix qui se respecte, la course a été belle, la piste restait sélective, avec tout de même des vitesses de pointe de 155 km/h dans le Haneggschuss, les spectateurs étaient contents. Et surtout, la descente a été régulière, avec les meilleurs devant.
Il n’y a donc aucune polémique, juste un petit regret de ne pas avoir pu admirer les champions dans les passages clés de la Tête de Chien et de la bosse à Minsch. Mais de là à décréter que Patrick Küng est un vainqueur au rabais, il y a un pas que nous ne saurions franchir. D’ailleurs, le Lauberhorn a déjà été souvent raboté dans le passé – même si cette édition est la plus courte de l’histoire – notamment en 1974, date à laquelle un certain Roland Collombin s’était imposé. Qui oserait prétendre aujourd’hui que le Valaisan n’a pas remporté le «vrai» Lauberhorn? Il en ira de même pour Patrick Küng: dans 40 ans, personne ne se souviendra de son temps.