08/03/2012 // Savoir retourner sa veste est un art
Lorsqu'elle a accueilli le cirque blanc, les 24, 25 et 26 février derniers, Crans-Montana avait mis les petits plats dans les grands. Résultat: 49'000 spectateurs s'étaient déplacés pour assister aux trois épreuves, dont 23'000 pour le 2e super G du samedi. De l'avis général, la fête fut belle, très belle. Et tout le monde était convaincu que la station valaisanne avait signé un long bail pour accueillir régulièrement des épreuves de haut niveau.
Cela n'a donc étonné personne d'apprendre quelques jours plus tard que la FIS avait tellement apprécié la qualité de l'organisation et de l'accueil qu'elle proposait à Crans-Montana de mettre sur pied une descente et un super G féminins les 23 et 24 février 2013. Or le comité d'organisation local, présidé par Marius Robyr, a repoussé cette offre, arguant que les dates coïncidaient avec les vacances de carnaval et que la station ne pouvait pas envisager de fermer la Nationale pendant 13 jours. Dans la foulée, il a aussi refusé d'organiser les courses de Coupe d'Europe dont les dates étaient déjà fixées.
Cette attitude a provoqué une vague énorme de déception et d'incompréhension, bien évidemment en Suisse romande mais également au sein de Swiss-ski et de la FIS elle-même. Beaucoup ont parlé d'arrogance, voire d'ignorance crasse; certains ont estimé que le brigadier Robyr n'avait pas à se comporter en militaire obtus dans le monde du ski ni à fouler aux pieds l'accord tacite visant à partager les courses de Coupe du monde féminine entre St. Moritz et Crans-Montana et à laisser l'organisation des finales à Lenzerheide. Le président de Swiss-ski Urs Lehman s'était dit irrité par cette décision; dans un mail adressé au responsable médias des épreuves, il enfonçait le clou: "Nous avons vécu un week-end sensationnel à Crans-Montana et tout est ruiné par cettre décision dramatique. C'est dommageable pour la Suisse romande et pour le pays tout entier."
Heureusement, tous les membres du comité d'organisation n'étaient pas d'accord avec cette politique à la hussarde. Il n'empêche que le responsable des courses de la FIS Günter Hujara avait clairement fermé toutes les portes dans son compte-rendu final, en indiquant qu'il ne serait bien évidemment plus possible à l'avenir de prendre en compte la candidature de Crans-Montana pour organiser des Coupes du monde. Il ajoutait: "Je suis déçu du manque de respect affiché par les décideurs face à la qualité des prestations des nombreux bénévoles". En privé, il a même dit que la station s'était tirée une balle dans le pied...
Résultat: fin janvier, la Suisse romande était définitivement rayée de la carte de la Coupe du monde.
Aujourd'hui, incroyable retournement de situation: l'Association des communes de Crans-Montana communique que "La position de plusieurs acteurs économiques d'importance a considérablement évolué", que les remontées mécaniques acceptent désormais de fermer la Nationale et que la plupart des hôteliers ont décidé de jouer le jeu. "Devant un tel élan (soit l'enthousiasme populaire du week-end de janvier) et compte tenu de tous ces éléments nouveaux pour nous, (...) le comité directeur a revu sa position".
Tout est bien qui finit bien? Pas sûr, les premiers refus ont dû laisser des traces profondes. Et encore faut-il que la FIS accepte ce revirement. L'affaire est loin d'être close...