30/12/2011 // Ligety remet la compresse!
Quelques semaines après avoir critiqué de manière extrêmement virulente la FIS et la modification des règlements en vue de la saison prochaine, Ted Ligety livre sur son blog (www.tedligety.com) quelques réflexions personnelles quant au déroulement des compétitions.
A son avis, le format des courses est loin d'être idéal pour les spectateurs comme pour les téléspectateurs. Il prend l'exemple du basket: les fans ne se déplaceraient pas pour voir Lebron James jouer une minute, puis devoir attendre 3 heures avant de le revoir jouer pendant une autre minute.
C'est pourquoi il propose de faire courir les géants et les spéciaux selon le principe des slaloms parallèles. Les spectateurs en auraient ainsi pour leur argent: ils verraient en effet les favoris prendre plusieurs départs. En outre, même les non-spécialistes sont en mesure de savoir qui est en tête dans ce type de course. Last but not least, les coureurs auraient les mêmes chances que leurs adversaires.
De plus, pour attirer un maximum de monde, Ligety suggère d'organiser les slaloms en nocturne. Ainsi, les skieurs-spectateurs pourraient skier la journée - ce qu'ils sont supposés faire - et assister le soir à un spectacle qu'il serait facile de transformer en événement festif.
S'ils ne tirent pas directement profit de ces changements, la descente et le super G méritent à son avis eux aussi un sérieux lifting. Sauf pour quelques rares connaisseurs, les descentes sont devenues ennuyeuses à l'exception de Beaver Creek, Kizbühl et Wengen. Or elles l'étaient beaucoup moins lorsqu'elles étaient truffées de sauts, de bosses, de zones glacées. Sur le plan de la sécurité, les pistes, aujourd'hui plus faciles donc plus rapides, sont même plus dangereuses à ses yeux dans la mesure où les accidents de terrain font plus pour ralentir les coureurs que les actuelles chicanes ou virages larges.
Dernier point soulevé par l'Américain, la qualité des images télévisées. Il se demande pourquoi la vitesse des coureurs n'est pas systématiquement affichée; il déplore aussi le fait que le positionnement des caméras manque de créativité et ne rende pas vraiment compte des difficultés du parcours.
En conclusion, il estime que les moyens de renforcer la popularité du ski existent, mais que la FIS ne veut surtout pas entrer en matière.
Comme d'habitude, ses réflexions ont suscité beaucoup de réactions. Globalement, la plupart des coureurs et des entraîneurs semblent favorables à la tenue de slaloms parallèles. Svindal par exemple est d'accord de disputer plus de slaloms en nocturne, surtout pendant la période des vacances. D'une moyenne de 500 spectateurs, Bormio pourrait ainsi passer à 50'000, à l'instar de Schladming. D'un autre côté, il estime que certaines courses telles qu'elles sont disputées ont contribué à la légende du ski et que l'on irait trop loin en les modifiant.
Günter Hujara, le directeur de course de la FIS, ne partage pas l'avis de Ligety. Pour lui, la popularité de Schladming ne dépasse pas les frontières autrichiennes étant donné que les chaînes de télévision allemandes et italiennes ne sont pas disposées à programmer du ski en prime time. Il faut savoir que l'audience TV en Suisse, Autriche, Croatie, Slovénie, Norvège, Suède et Slovaquie est approximativement de 3 millions de téléspectateurs pour une retransmission en direct et qu'il y aurait le même nombre d'intéressés tant en Allemagne qu'en Italie.
Cette absence de temps d'antenne a incité la FIS à miser sur des slaloms parallèles en milieu urbain, comme Munich à Nouvel-An (malheureusement annulé en raison des conditions météo) et Moscou le 21 février. Une course devait avoir lieu à New York, mais le projet n'a pas abouti; quant à Montréal, les tractations sont toujours en cours. Reste que l'argent ne coule pas à flots dans le milieu du ski. Le premier événement organisé à Moscou il y a 3 ans a coûté 10 millions de dollars, car il a fallu fabriquer une rampe de 60 mètres de haut, 36 mètres de large et 210 mètres de long, afin de piqueter une vingtaine de portes. Si l'investissement dans l'équipement est fait, il est quand même beaucoup plus coûteux d'y organiser un slalom que sur une piste naturelle.